Dans l’épisode de “Qui veut être mon associé ?” spécial “green” du 7 février dernier, on s’attendait à entendre parler d’impact positif ! Alors, quand Karline et Baptiste, les fondateurs de Pimpant ont exposé leur vision du travail devant les investisseurs, on était ravis qu’une boite qui allie performance économique et bien-être au travail soit représentée ! Pimpant c’est l’entreprise à impact qui milite pour la réduction des déchets plastiques en proposant aux familles des produits d’hygiène et d’entretien en poudre, naturels et rechargeables. Mais les investisseurs n’ont pas été convaincus par la conception du travail de Karline et Baptiste … qui sont repartis bredouille. Loin d’être anecdotique, cet échange révèle les difficultés qu’ont encore les entreprises engagées à faire valoir leur modèle.
Pimpant c’est :
Après la diffusion de l’émission, l’entreprise a réalisé 150 000 euros de chiffre d'affaires en une heure (soit la somme initialement demandée aux investisseurs), et concrétisé une levée de fonds de 3,6 millions d’euros !
On a été pris dans l’émission pour notre approche du travail. Habituellement, quand je parle à des investisseurs, je ne leur parle pas de la semaine de 4 jours, je leur montre la vitesse à laquelle on déploie le projet. C’est la prod qui nous a demandé d’avoir ce contenu. On savait que ce passage passerait à la télé et qu’il ferait réagir.
Ils ont montré le côté “clash” parce qu’il fallait expliquer pourquoi on ne levait pas. Mais, initialement, je n’aurais pas misé sur ces gens-là pour nous tacler. Anthony Bourbon, qui défend les valeurs travail, ne nous a finalement pas trop taclé. Et puis, ce qui est dommage, c’est qu’ils n’ont pas montré le moment où Tony Parker explique que LDLC, entreprise dans laquelle il est associé, est aussi à la semaine de 4 jours.
Avec le recul on remercie la production de M6 parce que c’est une chance de pouvoir parler et faire réagir sur ces sujets. Sur LinkedIn, le buzz a été monstrueux. On ne clash pas une entreprise parce qu'elle s'occupe de ses salariés. L’idée qu'il faut travailler plus et plus dur, c'était il y a 30 ans. On a vu que ça ne marchait pas, ni pour la planète, ni pour les gens, ni d’un point de vue sociétal. La mission de Pimpant est de passer de marque à industriel. Les français ne veulent plus bosser dans l’industrie parce que c’est dur, et il faut inverser cette tendance. On veut que les gens soient contents de venir bosser dans l’industrie.
Les gens nous disent “On est désolés pour vous”. Ne soyez pas désolés. Notre passage est incroyable ! L’impact qu’on a eu sur les gens est génial : on les a fait réfléchir. Et puis, c’est la 4ème saison de QVEMA, et aucune boîte n’a eu cet impact sur les ventes. On a fait 200 000 euros en 1h30. Les gens n’ont pas aimé notre produit, ils ont voulu soutenir une boîte. Et ça c’est complètement différent.
Une cliente qui nous a dit : “Merci, des projets comme le vôtre, ça nous donne du baume au coeur”. Aujourd’hui, 90% de la population n’est pas sensibilisée, mais les gens sont quand même de plus en plus convaincus. Le nombre de personnes qui commencent à se poser des questions est peut-être de 40%, mais à un moment il y aura un effet de bascule. Il y a un système de moutons très fort et quand le sens du vent changera, tout le monde suivra la direction, y compris les politiques.
J’ai toujours cru que Fizzer (cartes postales en ligne) était une boîte “classique”, mais on a eu un impact social monstrueux. Je me suis rendu compte du lien recréé entre les générations, notamment pendant le covid. Quand on est partis on envoyait jusqu’à 100 000 cartes postales par jour, c’est du délire. Mais l’impact écologique n’était pas bon, parce qu’on n’avait pas conscience de ça. Dans la boîte, les gens étaient entre Bali, les US, et avec Karline on voyageait beaucoup. On aimait beaucoup cette vie-là. Mais on n’aura plus cette vie-là parce que ça va dans le sens contraire de ce qu’on veut laisser à nos enfants.
Le point de bascule a été de devenir parents et de commencer à voir ces sujets émerger. Alors on s’est éduqués sur le sujet. A nos débuts, tout le monde parlait du CO2, mais pas du plastique. Quand j’ai demandé à Time for the Planet pourquoi ils ne parlaient que de CO2, ils m’avaient répondu qu’il fallait choisir ses batailles et que le CO2 était la plus importante. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a beaucoup de batailles importantes : le plastique sur l’environnement mais aussi le social etc.
Nous sommes passés à l’action le jour où notre fille de 3 ans a joué avec des bouteilles en plastique sur une plage en Corse. Le soir-même, on a acheté un nom de domaine. On ne savait pas ce qu’on en ferait, mais on avait trouvé la raison pour laquelle on allait se lever jusqu’à la fin de nos vies : nos enfants.
Je pense que l’entrepreneur a un rôle clé. On aurait pu partir à la retraite et voyager, mais on n’a pas le droit. J’ai beaucoup trop peur pour regarder autour, donc je fonce.
Il faut faire sa part. Passer à l’action c’est un devoir d’entrepreneur. Et quand je vois qu’il y a encore des fonds d’investissement qui dirigent de l’argent vers des sujets qui ne sont pas à impact, je trouve qu’on frôle le n’importe quoi.
C’est pas parce qu’on est à impact qu’il faut délaisser l’aspect économique d’un projet. Nous, on a fait une levée de fonds participative auprès de nos clients. Cela permet de créer une communauté forte. C’est important d’être l’ambassadeur d’un sujet auprès de sa communauté, et c’est un moyen de convaincre les gens d’investir.
Évidemment c’est difficile, il faut présenter un business model qui fonctionne et qui est scalable, tout en ayant de l’impact, et sans que les deux ne se rentrent dedans.
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