La France est à la croisée des chemins. Forte d’un mix électrique déjà très largement décarboné (composé à 72 % de nucléaire et à 27 % d’énergies renouvelables), notre pays dispose d’un potentiel unique pour réussir sa transition énergétique. Pourtant, ce socle vertueux ne couvre encore qu’environ 40 % de la consommation finale d’énergie, le reste demeurant dépendant d’énergies fossiles importées. Une situation paradoxale qui fragilise notre souveraineté, notre économie, et notre cohésion sociale.
Face à cette urgence, le Cercle Énergie d’Impact France, qui rassemble près d’une centaine d’acteurs de l’énergie présents sur l’ensemble de la chaine de valeur et sur tout le territoire, publie à l’occasion de son lancement officiel un livre blanc qui présente ses grandes propositions : “L’opportunité historique d’un modèle énergétique français résilient, juste et souverain”. Un appel à l’action qui trace les contours d’une transformation énergétique systémique, reposant sur trois piliers : la stabilité des politiques énergétiques, la transformation de la demande, et l’appropriation juste et transparente de la transition.
1) Stabilité des politiques énergétiques à long terme
- Planifier sur le long terme avec cohérence : Stabiliser la stratégie énergétique autour des objectifs 2030, 2035 et 2050 via une planification claire, intégrée et pilotée par un acteur unique, pour garantir la visibilité nécessaire aux investissements et mettre fins aux stop-and-go réglementaires.
- Renforcer les infrastructures et l’autonomie énergétique : Moderniser les réseaux pour anticiper les vulnérabilités (climat, cybersécurité…), réindustrialiser les filières clés et assurer un déploiement équilibré des énergies renouvelables sur tous les territoires.
- Soutenir les territoires et les compétences : Créer un “Pacte d’équité énergétique” pour financer les projets locaux, adapter les stratégies aux comportements réels, et former massivement la main-d'œuvre dans les zones en reconversion.
2) Transformation de la demande énergétique : vers une électrification et décarbonation des usages
- Accompagner la transition des entreprises : Évaluer systématiquement leur performance environnementale (climat, biodiversité, eau, sols) avec un indicateur global de sobriété et efficacité énergétique ; encourager une consommation adaptée aux pics et creux de production pour équilibrer le système.
- Favoriser une mobilité et un habitat décarbonés : Généraliser et renforcer le forfait mobilité durable, créer un “train de fonction” défiscalisé, et mettre en place une réglementation stable pour inciter les ménages à rénover leurs logements via une plateforme d’aides centralisée.
- Promouvoir une sobriété choisie et accessible : Valoriser les comportements vertueux et les bénéfices de la sobriété (économies, qualité de vie), tout en soutenant les modèles circulaires et la fonctionnalité pour réduire les ressources utilisées sans contraindre.
3) Appropriation juste et transparente de la transition énergétique
- Adapter la fiscalité pour orienter les usages et renforcer l’équité : Moduler les taxes selon la teneur en carbone des énergies, alléger la TVA pour les ménages modestes, et engager un débat transparent sur les coûts réels et externalités du système énergétique.
- Renforcer l’accompagnement social et les aides ciblées : Déployer un “chèque équipement”, élargir et planifier les soutiens à la décarbonation (autoconsommation, rénovation, mobilité), et moduler ces dispositifs selon les revenus et les réalités territoriales.
- Informer, impliquer et créer la confiance : Démystifier le fonctionnement du marché de l’énergie avec une pédagogie accessible, instaurer un label de confiance pour les acteurs énergétiques, et associer les citoyens aux décisions via des démarches participatives.
Une vision d’avenir : lucide, ambitieuse, collective
Ce livre blanc marque un tournant : celui du passage à l’action coordonnée, systémique et inclusive. Le Cercle Énergie d’Impact France ne propose pas seulement des orientations techniques, mais un projet de société : celui d’un modèle énergétique capable de conjuguer performance environnementale, justice sociale et souveraineté industrielle.
À l’heure où l’inaction climatique coûtera bien plus cher que l’action (jusqu’à 20 % du PIB mondial selon le rapport Stern) il est temps de faire des choix structurants. La transition ne sera ni facile ni linéaire. Mais elle est possible, si elle est portée par la stabilité, la cohérence et la solidarité.